Chants et Poésie féminine de la Renaissance Accompagnés à la viole de gambe
Louise et Sylvie Putov
- Diego Ortiz, 2e recherche
Poèmes de Pernette du Guillet (1518 (?) – 1545)
- « Elégie II : Combien de fois ai-je en moi souhaité... »
- Tobias Hume, A merry conceite et A pollish ayre
- Poèmes XXVIII et XLVIII de Pernette du Guillet
- Il est jour dit l’alouette, Claudin de Sermisy
- « Chanson II : Ne me devez-vous bien aimer ? »
- Une jeune fillette, Jehan Chardavoine
Poèmes de Louise Labé (1524 (?) – 1566)
- « Sonnet VIII : Je vis, je meurs... »
- Tobias Hume, Touch me lightly
- « Elegie III : Quand vous lirez... »
- Tobias Hume, She loves it well
- « Sonnet XVIII : Baise m’encor... »
- Louis de Caix d’Hervelois : 1ère suite « prélude »
- « Sonnet XII : Luth, compagnon de ma calamité... »
- Au joli bois, Claudin de Sermisy
- « Sonnet IX : Tout aussitôt que je commence à prendre... »
- Je file, Philip van Wilder
Poème de Marguerite de Navarre (1492-1549)
- « Adieulx »
Marguerite de NAVARRE 1492 - 1549
Les adieux
Adieu l'object qui feist premierement Tourner sur luy la force de mes yeulx,
Le doulx maintien, l'honneste acoustrement, Armé, vestu en tous jeux et tous lieux,
Tant que nul oeil ne se peult loger mieulx Qu'a faict le mien. Adieu la bonne audace : Si vous n'estiez si couvert vicieux,
Je ne vey oncq une meilleure grace.
Adieu vous dy, le regard si très doulx Qu'onques ne fut coeur qui n'en fut attaint, D'un oeil tant beau et gratieux sur tous Que de l'aymer le myen y fut contrainct.
Helas ! j'ay veu trop tost son ray estainct Et obscurcy par fureur sans raison.
Adieu doncq l'oeil que je ne pensois fainct, Qui trop couvrist soubz le miel le poyson.
Adieu aussi le parler gratieux, Bien à propoz prudent et fort saige, A voz amys humble, et audacieux
Où il falloit monstrer aultre visaige. Adieu l'accent, la voix et le langaige, Qui m'a vaincu, entendement et sens ; Or avez vous parlé vostre ramaige,
Doncq pis que mort par grand regret je sens.
Adieu la main laquelle j'ay touchée, Comme la plus parfaicte en vraye foy, Dedens laquelle ay la mienne couchée Sans offenser d'honnesteté la loy.
Or, maintenant, estes contraire à moy, Convertissant amour en cruaulté.
Adieu la main, puisque dedens n'y veoy L'estigmate d'honneur ny loyauté.
... Adieu l'adieu que tant de foys me distes, Quand loing de moy vous en falloit aller, La loyaulté que garder me promistes,
Les promesses qu'eussiez bien deu celer, Puisque je vois faintise reveller
Vostre vouloir et peu caché secret. Adieu l'adieu souvent dit sans parler, Dont la memoire augmente le regret.
Adieu le coeur, que j'estimoys si bon, Juste, loyal, que nul estoit semblable : D'une chose vous demande pardon, C'est que par trop vous ay creu veritable. Adieu le siege où amour honnorable
Devoit regner, mais je veoy qu'amour folle Le conduict tant, qu'il en est trop muable.
Adieu le coeur, pour la fin de mon rolle, Donnant au mien mort irremediable, Par ferme foy et amour perdurable :
Je ne puis plus escripre une parole.